Ulrike Bolenz
Kunst ist vorstellen , nicht darstellen .Josef Albers Une mise en scène d'images, masculin,féminin, de front, sans émotions,lapidaire, sans mimique ou geste, simplement ainsi . Arrêt d'images vidéo fixé par voie électrotechnique, en réseaux de lignes virtuelles derrière un moniteur d'écran légèrement courbé. Un moment photographique instantané: une fraction de temps, agrandissement grandeur nature , fixation d'émulsion photographique, réflexion du négatif sur un porteur d'image palpable, strates multiples en couche folio . Une peinture couverte, accentue, simplifie, donne ses contours à: une accumulation de matière pulvérisée , micro sédiments séchés , formules encastrées, textes et textures; support data dénués de sens , cryptique, runes du 20 ième siècle. L' ensemble : figurations, images d' images d'images. Images accumulées, entassés, qui s' entrelacent; détails, silhouettes , ornements , flous; transparence complète ou partielle, éparpillement et réflexion de la luminosité, synthese, présence. L' image d'un humain: un nu, désarmé , dénué de signes distinctifs et d' attributs, l' homme pur - intemporel , démis d' individualité , purement paradigmatique , capturé dans une toile de traits de pinceau , structure digitale ; une ombre en haute résolution technique; présent et même temps refoulé , tangible et en même temps distant . L' image humaine ramenée à l ' essentiel : progressant malgré toute sa vulnérabilité , résistant aux périls ; un doux désir , présent en s' insinuant prudemment , une grandeur silencieuse. Les fragments sont des parties d'un ensemble . Ils développent la complexité dans les cadres de représentations implicites. Ils ne se soucient pas des frontières du temps, d' espace et de fonction . Fragments de Klaus Flemming Texte de Flor Bex Les profondeurs kaléidoscopiques de l’image. Nous vivons dans une culture visuelle commerciale, dans laquelle les concurrents se battent pour l’attention du spectateur et du consommateur. L’artiste n’est plus un producteur privilégié d’images. Pourquoi s’isolerait-il et se marginaliserait-il ? Pourquoi essayerait-il de se mesurer avec cette industrie d’expériences illusoires, qui se lance à outrance dans une suite sans sens et sans cesse d’images ? Le spectaculaire est roi, l’inhabituel et le surprenant - jusqu’à maintenant l’exclusive de l’artiste- sont violentés. Par les technologies nouvelles digitalisées la fiction dépasse la réalité : il n’y a plus de copies de la réalité, mais des simulacres qui dans un monde virtuel ont adossé le statut de la réalité. Ulrike Bolenz, consciente de cette problématique actuelle de l’image, a développé une oeuvre obstinée, tiraillée entre tradition et expérimentation. Ces oeuvres sont des pièces fascinantes, qui simultanément voilent et dévoilent. Cette stratégie de l’image résulte d’un processus créatif très personnel, puissant dans différents supports visuels. Le point de départ est constitué en général par des enregistrements personnels sur photo ou vidéo. Ces images, chimiquement ou digitalement manipulées, ne reçoivent leur forme finale qu’après un long parcours. L‘artiste les transpose finalement sur des supports transparents, transformables ou non, et les présente de préférence in situ. Les enregistrements initiaux ne sont pas seulement fragmentés et arrêtés, mais semblent aussi dévorés par le temps, partagés entre le clair et le flou, aboutissant à des mirages éphémères, oscillant entre le chaos et l’ordre, hurlant leur cri d’impuissance silencieux. Ulrike Bolenz nous tend des morceaux d' histoires, mais elle parle à mots couverts, elle efface des traces comme pour cacher des secrets chuchotés. Nous contemplons des corps nus qui planent et chutent dans un monde cosmologique indéfinissable, saisis en pleine action dans des poses qui suggèrent agression et défense. Ces tableaux de l’homme dans un monde en détresse ne se livrent pas. Ils semblent transparents, mais sont illusoires. Ils ne se montrent que comme des fantômes sur des peaux diaphanes, dans une luxuriance graphique de déchéance. Ses couleurs primaires, surtout le rouge et le bleu, nous renvoient aux images médiatisées d’aujourd’hui, mais sont traduites ici dans une sensualité picturale de clair et obscur, de chaleur et froideur, derrière laquelle se cache une tension émotionnelle retenue. Dans son oeuvre Ulrike Bolenz greffe une imagination magique et esthétique sur des strates formelles transparentes. Notre perception est mise à l’épreuve par une fusion du réel et de l’imaginaire. Ses images à contenu multiple appellent des images absentes et étonnent. Une médiation se crée entre le présent, le passé et le futur. Un désir insatiable d’unité tente de maîtriser le chaos.
France: Allemagne: Galerie Michael Schmalfuss, Marburg www.galerie-schmalfuss.de Hollande: Belgique:
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