Serge Poliart Serge Poliart est un dessinateur dont les fantasmes, soigneusement couvés et tenus au chaud, déboulent souvent dans des rues de villages, des campagnes hallucinées ou des usines en délire. Des personnage à grands nez, aux mains molles, à l'expression tragique et bouffonne se livrent à toutes sortes d'agissements étranges qui nous font songer à quelque kermesse en Grande Absurdie. Stéphane Rey, L'Echo de la Bourse, 11/13 - 03 -83
En toute franchise, je n’éprouve aucun regret à confier que je n’ai pas aimé les premiers tâtonnements de Serge POLIART - il fut un concurrent sur lequel je n’aurais pas misé -, j’ai par la suite déchanté dans le bon sens. Et quand j’y songe POLIART n’a cependant pas changé sa manière - il est demeuré fidèle à lui-même - et si l’on me demande de nommer une prérogative majeure de l’artiste, je citerais volontiers la persévérance. Je n’ai pas l’outrecuidance de m’en référer à moi-même et à ce que je puis avoir dessiné - il est tout bonnement humain d’avoir toujours accordé mon attention et ma sympathie aux artistes lesquels malgré vents et marées ont maintenu droit leur timon. En d’autres termes, il s’avère plutôt anormal d’éprouver de l’indifférence pour l’artiste lequel au fil des jours et des années s’est acharné à exprimer d’une manière toujours de plus en plus aiguë et de plus en plus rigoureuse ce qu’il possédait en lui, dès ses premiers balbutiements mais qui devraient par la suite s’avérer définitifs... Il est inconcevable de n’être pas élu lorsque l’on s’obstine avec une sorte de frénésie. Ceux qui ne sont ou ne se sentent pas doués se lassent et abandonnent... J’ajouterai que l’abstraction telle que Serge POLIART la pratique n’est pas moins aisée quoi qu’on en puisse penser, qu’une correspondance figurative explicitée au moyen des mêmes procédés. On ne peut en aucun cas méconnaître la technique. On peut rêver d’une œuvre magnifique, elle devient une méduse hors des flots si la technique ne la supporte pas... Gustave DORE a laissé des esquisses pour le Capitaine Fracasse de Théophile GAUTIER par exemple qui ne subirent pas la collaboration des graveurs attitrés du grand illustrateur, elles déçoivent au point qu’il eût été préférable de ne pas les publier et mon incidence puisqu’il s’agit de côté et d’autre de dessins au trait – ne peut que renforcer ce que j’exprimais tantôt à propos de l’attrait magique de l’illustration de PICASSO. Il ne me faut pas demander d’expliquer les dessins de Serge POLIART. J’ignore si lui-même songe ou se résout à y joindre des titres qui se vaudraient des introductions à ses mystères... Ces bonnes intentions seraient à mon humble sens non seulement inutiles, mais pourraient aiguiller le spectateur sur des voies qu’il lui serait à priori dangereux et peut-être néfaste d’emprunter. Dans son très grand bouquin ; « Les Nus et les Morts », l’écrivain américain Norman MAILER décrit la bataille de l’île japonaise Anopopei dans le Pacifique. Martyrisés dans leur âme et leur chair, une équipe de patrouilleurs se traîne dans la vase, la jungle et la chaleur tropicale jusqu’aux contreforts du mont Anoka. Alors un matin à l’aube, le soleil découvre aux yeux meutris des soldats abrutis de souffrances une vision de Paradis. Il n’existe sans doute pas de mots humains pour décrire cette préaurore que n’égaleraient pas le plus prodigieux des rêves, la plus resplendissante des imaginations. L’écrivain d’ailleurs ne se risque pas à tenter cette déscription. Je vous demanderai donc de regarder des dessins de Serge POLIART comme si ses phantasmes – qu’ils soient issus du ciel ou de l’enfer – vous apparaissaient soudain sur l’écran du ciel, ici, là-bas ou ailleurs. J’ai assez longtemps dessiné moi-même avec les matériaux utilisés par Serge POLIART pour répéter en l’exaltant sa plénitude technique et j’y reviens parce que son rôle est décisif. Les soleils noirs qui hantent ses graphismes et tout le drame obscur de ses ténèbres ne sont pas épanchements au taches d’encre – tout a été commencé par des traits à la limite du visible. Avec la même plume et le même rythme, les hachures se sont recoupées, enchevêtrées – jusqu’à cet obscur cauchemar qui ne pourrait pas être ce qu’il est sans la langue patience de la main qui est parvenue à l’élaborer. Armand SIMON 8.1.77
Poliart sent, ressent. Il capitalise les sensations et les sentiments qu’il décode, décrypte en d’illisibles messages. Auparavant, il n’y a guère encore, il nous emmenait dans ses labyrinthes secrets, sans qu’aucun fil d’aucune Ariane nous permette d’échapper à la menace de ses Minotaures personnels. Dominique Deloof, 1977 Monsieur Poliart, que certains, dans les années 60, appelaient « Beau Serge », met dans ses dessins (ne parlons pas de son chevalet ni de ses écuries, de ses fresques ni de ses frasques, qui engendrent d’autres plaisirs) toute la tendresse qui lui gonfle le cœur. Un enfant nu, une mère célibataire, un cul-de-jatte, un gros cochon dans un peu de jus, des amis qui s’étranglent, des frites mal cuites, des cours de récréation et de miracles, des morceaux de crottes et de squelettes, des riens du tout – par exemples – réchauffent son crayon et lui donnent des couleurs, celles-là même qu’il a aux joues quand, le soir et dans la solitude, il lit quelques pages du Cantique des Cantiques. Et quand il voit des plumes sur le derrière d’un petit oiseau, il pense aussitôt à d’autres plumes, non à celles de Chateaubriand ou de Jules Michelet, mais à celles qu’il imagine sur la tête de messieurs qui mangent des oranges et font du bruit. C’est un cas, parmis d’autres qui, eux, ne savent pas dessiner. André Balthazar, janvier 2003
Dix raisons que j’ai de détester Serge Poliart Parce qu’il n’est pas un artiste international Parce que l’avenir, je le prédis, n’est plus aux dessins et aux peintures mais à l’art conceptuel et aux installations. Parce que je suis un ardent défenseur de la tradition, du folklore et surtout du gille, ce « trésor culturel vivant » qui est sacré au même titre que Tintin. Parce qu’il empêche que l’on coupe des arbres à Ville-sur-Haine et à Gottignies alors que l’avenir, je le prédis, est aux voitures et au béton. Parce qu’il y a plus de trente ans qu’il porte les cheveux longs. Parce que sa femme est jolie. Parce que le journal qu’il dirige moque honteusement ces personnalités politiques, économiques et culturelles qui luttent chaque jour pour donner une image positive et volontariste de Mons et du Borinage. Parce que je le soupçonne d’aimer Daumier, Lautrec et Reiser. Parce qu’il est sans doute pas persuadé que l’entreprise libératrice et émancipatrice de l’armée américaine en Irak est désintéressée et que les pacifistes ne sont rien que des tapettes. Parce que si Arno dessinait et peignait, il aurait la tête de Serge Poliart. Xavier Canonne Expositions collectives « De Magritte à Bury », Bruxelles
1973 Expositions personnelles Galerie Le Creuset, Bruxelles 1973 Divers Co-fondateur de « Koma », Mons
1976 Œuvres acquises Ville de Mons – Ville de La Louvière – Province du Hainaut – Collections privées. Prix Médaille d’or au Festival International des Arts Plastiques et Graphiques de Mouscron 1980
Catalogue CONTACTEZ L'ARTISTE rue du Trieu,
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