Mireille Liénard / Discipline Installation / Sculpteur |
Salle Saint-Georges à MONS La culture se veut le prolongement de la nature,mais elle n’en est qu’une extension contradictoire et leurs limites respectives sont constamment redéfinies d’où la notion de conflit constant dans l’histoire humaine. Pour ce projet, j’ai choisi comme point de départ une théorie d’Empédocle (philosophe grec d’Agrigente, Ve siècle avant J.C) qui a été acceptée par le monde scientifique pendant plus de deux millénaires. Pour lui, tout ce qui existe dans l’univers résulte d’une combinaison en proportions variables de plusieurs éléments de base. Ces éléments s’assemblent ou se séparent, entraînant dans leurs mouvements la transformation des objets qu’ils constituent. La vie, selon lui, n’est pas une propriété spécifique de certains objets, mais bien l’accumulation de pouvoirs apportés par la complexité. Des éléments ainsi mélangés fut créée la pluralité, dans la mesure où l’un a appris comment naître à partir du multiple. Empédocle rencontre cette question qui a hanté de tout temps la philosophie et qui est de savoir comment l’un se fait multiple et pourquoi le même devient autre. Cette question est à la fois essentielle et insoluble. Pour illustrer cette théorie, j’ai pensé aux globules rouges (référence toujours au sang et à la couleur rouge). Le globule rouge meurt au bout de 120 jours, en donnant naissance à l’hémoglobine. Celle-ci est réutilisée pour la création de nouvelles hématies, d’où la continuité : toute cellule vient d’une autre cellule, et la cellule est l’unité du vivant. L’un (le sang) naît du multiple (les globules). Je pars de la forme biconcave et circulaire du globule rouge, celle-ci se transforme au gré de mouvements imaginaires . « À tour de rôle, chacun l’emporte, se sépare ou se rapproche, et chacun se transforme en un autre ». (Empédocle) À la fin des transformations, la forme suggérée est le triscèle, parce qu’il est symbole de mouvement perpétuel, de rotation, de vie, mais aussi de stabilité. C’est la tripartition d’un cercle, analogue aux combinaisons de spirales. Le matériau est un tissu rouge écarlate, de type « laine bouillie » et qui a donc un certain relief, une épaisseur visuelle, une douceur tactile, une sensualité. L’installation est une accumulation, une multiplication, une prolifération de ces éléments (du globule rouge circulaire au triscèle) qui, ensemble, constituent une unique ordonnance, un « Tout ». Mireille LIÉNARD
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2011
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