Jean-Pierre Hendrickx
Monika Wachter - avril 2010
Si nous n'avions pas conscience de vivre une époque charnière, entre deux certitudes idéologiques ou plastiques, un "entre-deux-siècles" instable et donc riche de promesses, l'œuvre de Jean-Pierre HENDRICKX serait là pour nous le rappeler. Ni figuratif ni abstrait, l’artiste chemine, refusant les modes et les étiquettes. Seul, sans références ni comparaisons, il ne procède pas, pour les galeristes, de ces jeunes chevauchant l’esthétique du moment. Aucune nature morte. Aucun paysage sauf intérieur. L'artiste trouve ses modèles dans un vivant différé. Ni moralisatrice ni démonstrative, l'œuvre se veut témoignage de temps troublés, comme ceux que vécut Pierre Bruegel. L’art de la désespérance ? Non, plutôt de la lucidité et de l’espoir humaniste. Rythmé, équilibré, toujours harmonieux, parfois chatoyant (restée dense, sa palette s’est éclaircie), un tableau de Jean-Pierre Hendrickx ne vise pas à faire joli, ni à racoler le visiteur. Un riche métier pictural sert le sujet. Celui-ci sort du plan et y retourne, dans un jeu à deux ou trois dimensions, mais il importe moins que son traitement : vibration, multiplication des lignes, des formes et des volumes visent à déstabiliser, à donner le vertige. Sous le pinceau, la plume, les ciseaux ou le feu, la forme transitoire se désagrège. Tout comme notre temps. Le phénix renaîtra-t-il des plans éclatés, voire dédoublés ? La main récrée la réalité sans fin et le ballet éphémère de la vie. Homme équilibré, artiste soucieux de restituer l’esprit de son temps, après l’avoir déformé et ramené à zéro, Jean-Pierre Hendrickx exprime sa perception de l'incommensurable. Tendue dans un cri quasi expressionniste, construisant l'esprit avec la matière et réintroduisant le spirituel dans l'art, l'œuvre de Jean-Pierre HENDRICKX ne serait elle pas, en fin de compte, le baroque de notre fin de siècle ? D'après un texte de Raymond PIROTTE, oct. 1995
Jean-Pierre Hendrickx œuvre dans une mixité technique où il allie peinture, collage, graphisme et typographie. Bien que le collage soit omniprésent dans son œuvre, il n’est pas un collagiste au sens propre : cette dimension n’est pas traitée pour elle-même et n’intervient qu’à titre accessoire au sein d’un traitement quasi chirurgical de l’image. Dans un premier temps, Jean-Pierre Hendrickx s’est attaché à mettre en pièces ses productions pour ensuite les restructurer selon un principe d’éclatement, libérant un espace propre attaché aux images. Déstructuration – restructuration, ces deux phases de ses transformations tendent aujourd’hui à s’aligner et il se plaît à décrire ses dernières œuvres en termes d’épluchures d’images. Le matériau initial, décharné, persiste en lambeaux : mue de l’image à tendance scripturaire, page de lecture sous laquelle perce une chair insoupçonnée… Les caractères typographiques souvent présents dans l’œuvre ou encore la calligraphie viennent renforcer l’alchimie des images traitées comme des systèmes ouverts. Jean-Philippe Goffaux
Jean-Pierre Hendrickx vit de son art. Sans doute parce qu’il a décidé d’assassiner l’accessoire au profit de l’essentiel et qu’il a condamné la concession. Ses dessins n’imposent jamais cette sorte de ravissement béat quasi instantanée qui paralyse et rend muet, ceux et celles qui n’ont d’autres frissons qu’en bourse. Malgré tout, il faut aller vers les dessins et la peinture de Jean-Pierre Hendrickx avec une prudence extrême, s’en approcher à pas mesurés en calculant les risques comme on le ferait en ambitionnant de se pencher au-dessus d’un gouffre. Accepter d’être absorbé par d’énigmatiques personnages qu’une impossible archéographie sociale a fait sortir de terre. Assemblés avec une minutie technologique qui semble vouloir lever toute une armée contre le temps, ils vont chacun de leur côté reconstituer tous les épisodes de l’histoire des Hommes. Surgis d’un passé indistinct et d’autant plus redoutable, des funambules unijambistes ont malgré tout décidés de conquérir des cohortes de mâchoires incultes, au péril de leur vie… Ils arrachent les fils du temps et interrompent ainsi toute possibilité de communiquer. De ces dialogues interdits, nous ne percevons plus que des échos assourdis traversés par les bourrasques de la conscience. L’Art de Jean-Pierre Hendrickx, qui regarderait bien un chirurgien droit dans les yeux, tient donc du sauvetage et de la reconstruction de l’homme exhumé. De son œuvre, parfaitement maîtrisée, émergent de grandes maturités lardées de déchirures. Celles du temps sont aussi celles de l’homme. Luc Hermant / mars 1998
"MUTATIONS" L'être humain
et son cheminement intérieur sont au centre du travail de
Jean-Pierre Hendrickx. L’artiste observe et dissèque les
"MUTATIONS" de notre société, des femmes
et des hommes de notre siècle et de notre millénaire. L'expression
de ses visages recomposés est renforcée par le jeu
des différents plans qu'utilise l'artiste. Dans le regard de Jean-Pierre Hendrickx se reflète les femmes et les hommes de notre société en profonde mutation. Monika Wachter, avril 1998
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