Corinne Lecot
C’est ici de nature humaine dont il s’agit, parce qu’il y a dans le mouvement d’un groupe d’individus une évidente harmonie et une énergie partagée. La marche est toujours singulière parce qu’elle est différente pour chacun. Elle peut-être course ou promenade, matière à réflexion ou débordement vital. Elle peut être solitaire ou commune, avec les paradoxes que chacun connaît tant on peut se sentir accompagné en étant seul, et seul accompagné. La marche c’est l’énergie vitale, le commencement, le projet d’aller plus loin, le but à atteindre. C’est une manifestation de courage, de l’engagement dans le refus de l’immobilisme. Ici, la relation entre les corps en marche est pressentie comme une chorégraphie ou chaque geste semble en susciter un autre. Une interaction des gestes et des attitudes qui semble ressembler à une improvisation perpétuelle jamais achevée, une partition jamais écrite.
Philibert Delécluse
Quelquefois, son pas décidé le mène vers le lieu qu’il s’est fixé, à d’autres moments, la contemplation le pétrifie devant une image qu’on chercherait également à s’approprier, parfois, aussi, la solitude se fait pesante et un vague à l’âme semble alourdir son cheminement. Il marche … Ce randonneur arpente nos lieux familiers, on cherche, on scrute dans chaque œuvre pour y trouver ce qui nous le rend si proche. Une brume envahit le paysage, le rendant flou aux contours incertains. Un climat de mystère étrange baigne et irradie ces topographies qui tendent vers l’abstraction. Seraient-ce nos rêves intimes qui y trouvent un écho ? Petit personnage insondable auquel on ne peut résister de s’identifier, où vas-tu ainsi ? Vers quel destin marches-tu obstinément ? Vers quel voyage nous emmènes-tu ? Que contient ce sac à dos que tu t’échines à porter ? Le poids du monde ou l’objet ultime emporté ? Philibert Delécluse réussit magiquement, dans ses peintures à l’huile, à nous transcender. Chacun de nous a son histoire personnelle inscrite dans ces tableautins. Vieux désirs engloutis par le temps, anciens fantasmes assoupis, moments de plénitude, de solitude, d’allégresse, de torpeur, de défi, … qui tous, nous poussent vers notre demain. Nous aussi nous arpentons notre terre et notre destin. Philibert Delécluse utilise à merveille l’illusion. Chacune de ses peintures est à l’origine une composition faite en atelier à partir d’une maquette où se déplacent de petites figurines qui évoluent au gré de son imaginaire dans un paysage photographié. Chaque œuvre est tour à tour peinte, recouverte d’un glacis, poncée en alternance jusqu’à ce qu’apparaissent cette « immatérialité »caractéristique. Digne héritier des maîtres flamands et italiens. Chantal Bauwens
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Photos
de Elias Albert
Photos
de Geoffrey Hilliaert
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